Le dieu méchant

I will show you fear in a handful of dust.
La colère.
La colère contre moi, contre le dieu méchant qui m'a fait à son image. Folie mystique et colère des origines. La fin d'un Ange. Projeté dans l'abîme, cet ange crie et maudit son dieu qui l'a tenté pour le faire tomber. Pâle et tremblant, je hurle de colère à la lune qui ne me conseille que de me taire. Un nuage passse et voile l'oeil de calme bleu et vert. Il ne reste que moi.
Moi et ma colère.
C'est alors que je l'entends, la musique de mes songes, quatre notes aigrelettes égrainés par ce limonaire vagabond et lointain. Quatre notes qui me narguent et me calme d'un coup. Ma colère n'est plus, vient la pitié. Envers moi, envers toi, envers le dieu méchant dont je suis à l'image. Après la pitié, vient la tristesse, tout de suite, qui monte, m'envahit, inexorablement. Et, c'est pleurant sur moi, sur toi, sur le dieu méchant à qui j'ai volé l'image que je poursuis mon chemin à travers ce desert aride, cette ville nouvelle que je ne connaissais pas. Ces larmes qui coulent et défont les dessins à la cendre sui marquent mon visage, ces larmes repoussent ma malediction.
Arrivé à la fontaine, j'y plonge les bras puis la tête. Le froid me serre comme un étau et arrête mon coeur, un instant, rien qu'un instant. Puis dans l'eau calmée, je contemple mon image, anesthésié, irradié par cette eau qui coule sur mon visage. C'est là que je comprends en voyant ma figure légèrement irrisée sur ce reflet. C'est là que je comprends cette vérité qui m'a longtemps été dérobée.
Je suis le dieu méchant et je me suis fait à mon image.



ps: le texte et l'image correspondent à deux époques très différentes pour moi dans leur création et dans leur expression, mais finalement je trouve qu'ils vont bien ensemble.