La situation de l'industrie textile française "est très grave", a déclaré Patrick Devedjian dans Le Journal du dimanche. La Commission européenne pourrait prendre cette semaine des mesures face à l'essor des importations chinoises de vêtements.
Le bond des importations en France de textiles fabriqués en Chine depuis la fin des quotas constitue une "situation très grave", qui pourrait coûter 7.000 emplois de plus au secteur en 2005, affirme le ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian dans Le Journal du dimanche (JDD).
"Toutes les données dont nous disposons mettent en évidence une montée en puissance très rapide des importations chinoises" de textiles depuis la fin des quotas d'importations de textile le 1er janvier, déclare le ministre. Les statistiques douanières européennes, "transmises vendredi par la Commission", "confirment ce que la France craignait : des baisses de prix allant jusqu'à 47% sur les chandails, des parts de marché de la Chine qui doublent dans plusieurs catégories, comme les soutiens-gorge ou les sous-vêtements d'hommes", indique-t-il. "La situation est très grave. C'est très grave pour nos industries qui fabriquent ces produits et qui souffrent déjà depuis plusieurs années", juge Patrick Devedjian.
"L'industrie textile française, qui emploie environ 100.000 personnes, perdait déjà 10% d'emplois par an avant la fin des quotas. Selon une étude de l'Institut français de la mode, cela pourrait empirer d'au moins 7% supplémentaires, soit 7.000 emplois cette année", ce qui gonflerait à environ 17.000 les pertes d'effectifs du secteur en 2005, fait valoir le ministre. "Il faut lancer la procédure de sauvegarde pour étaler ce phénomène, comme l'ont fait les Etats-Unis", réaffirme-t-il.
Enquête européenne à l’étude
La Commission européenne, qui attendait pour cette semaine les chiffres des exportations de produits textiles chinois vers l'Europe, pourrait décider de l'ouverture d'une enquête, premier pas vers la mise en place de clauses de sauvegarde autorisées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), pour protéger le marché européen. Le commissaire européen pour le commerce Peter Mandelson doit aborder le dossier dimanche soir avec les ministres européens du Commerce réunis à Luxembourg.
De son côté, Jean-Pierre Raffarin a estimé samedi à Shanghai que la Chine était un "acteur responsable de l'économie mondiale", laissant ainsi entendre qu'elle pourrait auto-limiter ses exportations textiles en pleine expansion. Le Premier ministre français, en voyage officiel de trois jours en Chine, a rappelé que les Européens devaient d'abord procéder à "une observation objective de la situation", en analysant les statistiques disponibles sur les exportations.