Il aurait pu t’aider…
pas te sortir de là où tu étais, mais te rendre la vie plus douce.
Ne serais-ce qu’un instant, le temps d’un sourire et de quelques paroles
Ou bien d’un café offert…
Et puis qu’est ce que tu foutais là, toi ?
Assise sur le trottoir, la main tendue et la tête rentrée dans tes genoux ?
T’avais l’air plutôt jeune et plutôt jolie aussi.
Lui, il t’observait depuis un bon bout de temps, d’un peu plus loin sur le boulevard.
Tu étais si occupée à cacher ta honte de faire la manche, d’avoir recours à la pitié
De ces gens qui te jugent en deux secondes pour t’oublier celle d’après, que tu ne l’a
Pas vu se mouvoir vers toi.
Il y eut un coup de pied dans ton gobelet à pièces jaune, l’envoyant valdinguer dans
Le tintement de la monnaie s’éparpillant en roulant tout autour, sur l’asphalte, le caniveau
Et jusque sous les roues des voitures au feu rouge.
Tu à relevée la tête, médusée, t’attendant à des excuses bredouillées par un passant
Pressé de te zapper.
Effectivement tu étais jolie.
Lui, planté devant toi, te regardait calmement… pieds en canard, poings sur les hanches,
Tête légèrement penchée sur le coté. Tu as ouvert la bouche, probablement pour protester
Mais avant que le moindre son n’en sorte tu as reçue une gifle si rapide, puissante et précise
Que le haut de ta pommette s’en est ouvert. Tu as poussé un hurlement de douleur qui s’est
Transformé en râle étouffé quand la pointe de sa chaussure t’a frappée au ventre
Te touchant le foie.
Tu t’es affaissée, essayant de reprendre ton souffle, d’appeler au secours…
Il s’est accroupi, a tendu sa main devant tes yeux écarquillés de peur et très doucement
Il a replié l’auriculaire au creux de sa paume, puis l’annulaire, ensuite le majeur et enfin l’index pour fermer avec le pouce ce qui était à présent un poing compact, solide.
Il t’a cogné plus d’une douzaine de fois, t’ouvrant les arcades, te pochant les yeux, te cassant le nez et deux dents, te fendant les lèvres. Ton visage n’était plus que plaies. Tu es restée au sol, secouée de spasmes nerveux provoqué par le choc et la douleur. Même geindre était un effort. Il s’est relevé toujours aussi calme. S’est raclé la gorge et t’a craché dessus.
Il a sorti un paquet de cigarettes de sa poche, en a allumé une, tirant deux longues bouffées
Dessus. Puis il a soufflé sur la braise en la regardant fixement et à de nouveau porté le regard sur toi, toujours allongée sur le bitume. Il t’a jeté sa clope dessus sans même chercher à l’éteindre.
Il est enfin parti, calme, glacé.
Dis-moi à présent pour qui ressens-tu le plus de haine. Pour ce psychopathe, qui t’a fait vivre un calvaire ou pour les passants qu’ont fait style de rien voir, ceux dans leur bagnoles au feu rouge qui profitèrent du spectacle sans bouger ?