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 UNE histoire extraORDINAIRE

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etlatete
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MessageSujet: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 27 Oct - 15:49

voila ce qui n'aurait jamais du etre lu nul part ... et pourtant peut être, enfin si

enfin ...le voila

mon grand père a été soldat comme beaucoup de francais de son age... comme beauccoup il a été prisonnier

pour tous cette histoire a été un faille, une rupture, une blessure intime
une blessure a cacher, difficile a extérioriser

mon père m'a dis mal connaitre cette histoire
l'avoir entendu un peu, petit lorsque mon grand pere parlais avec son frere et d'autres prisonniers de la famille.

cette histoire mon grand-père me l'a raconté avant de mourir. chaque mercredi je mangeais avec mes grands parents pendant un an, il y a surement 5 ans.

cette histoire, j'avais peur de la perdre dans les détours de ma mémoire, de celle de ma grand-mère de mon père.

je voulais en témoigner, la vie m'a donné un sacré coup de pied au cul.
mon père alors quil se débarrassait de papier que mon grand père entreposait dans sa cabane a outils est tombé sur ce carnet. il l'a ouvert.

cette rencontre fortuite... est improbable. nous ne connaissions pas l'existence de ce carnet. mon grand-père etait un accumulateur forcené. il a entassé des milliers et des milliers d'affaire dans cette maison, sur son terrain, dans son appartement. mon père s'est débarrassé de tonnes de choses "inutiles".

cette histoire commence le 5 juin 1940 et finis le 17 mai 1941. personne ne sais pourquoi elle commence là... et se termine là (mon grand-père sera rappatrié en 1942 pour être opéré de l'estomac... il mourra de ces opération 50 ans après).

hommage a mon grand-père, témoinagne frappant ...
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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 27 Oct - 15:55

par et à marcel orfeuvre

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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 27 Oct - 16:01

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Gaspo
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 27 Oct - 18:25

Pffffffffffffffffffff

J'ai eu du mal a tout lire non par manque d'interet mais par difficulté a tout dechiffrer mais...pffffffffffffffffffffffffff....
La vie a quand meme un cote magique.
Profite de ces instants etlatete
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Jpeg
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 27 Oct - 19:10

Je vais lire cela tranquillement.
C'est une tranche de vie, et quelle tranche de vie, dans une période difficile.
Il n'y a pas si longtemps, je "tombais" sur des papiers qui me permettaient de revivre également une tranche de vie de mon père, concernant également cette période.

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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 27 Oct - 19:10

j'ai perso pas tout lu d'affilé... j'ai pas mal papillonnée dessus ...
un peu par ci un peu par la
en papier c'est presque encore plus difficile a lire (vu la taille du carnet)
mais c'est vraiment etonnant comme c'est détaillé et tout enfin bref suis pas objectif ;-)
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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyMar 1 Nov - 17:13

voici donc la suite et fin du carnet

UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi213cw

UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi220ek

UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi238vf

UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi249op

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UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi399fk

UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi406wc

UNE histoire extraORDINAIRE Carnetpapi417oc

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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyMar 1 Nov - 17:26

sur la carte est écris Louis ORFEUVRE, mon grand père s'appellais Marcel pour moi, pour tout le monde sauf pour l'état civil. Sa mère avait changé d'avis après qu'il ai soit enregistré à la mairie. Pour tous c'était Marcel. A papi Marcel
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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 3 Nov - 15:00

la version dactilografiée est en cours ... pour ceux qui pourraient etre intéressés
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Ptitezou
Wad'ädo
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyJeu 3 Nov - 15:19

Oui, ce serait vraiment génial ! |\^#~`
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Sophie
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptyVen 4 Nov - 12:32

J'ai lu quelques passages mais c'est vrai que c'est difficile pour mes petits yeux de lire sur un écran d'ordi.
Je trouve qu'il a une belle écriture par rapport aux conditions et à l'époque...
Des souvenirs comme ça,il faut les garder précieusement. Et si tu l'as trouvé,c'est parce que ton grand-père le voulait.

Ma grand-mère a une lettre de son père,une seule,il était emprisonné durant la première guerre mondiale.Et elle ne l'a plus jamais revu après.C'est vraiment touchant comme elle en prend soin,on n'a pas le droit d'y toucher,juste la regarder,C'est un trésor à ses yeux.Et je pense que ce carnet est un trésor pour toi
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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptySam 26 Nov - 21:18

voila la premiere version corrigée de ce qu'a transcris petite marie (encore milles merci) ... il doit encore y'avoir des trucs a modifier mais bon voili ... bonne lecture

Juin 1940 : K.G à Langres. Mon journal ayant brûlé au bombardement de Tahon je reprend seulement les faits depuis le début de la retraite.

Lunéville : 5 Juin 1940 : Ordre nous est donné de terminer notre travail dans un temps record : faire en 3 jours ce que nous aurions fait en 10 ! Nous nous organisons par équipe et travaillons jour et nuit.

Dimanche matin 8h, tout est terminé, nous rendons le matériel et à midi 20 nous quittons Lunéville en état de siège depuis 2 jours. Nous régrettons dans cette ville ! Adieu la Meurthe ! à 2h nous passons à Nancy, grande effervescence à la gare : c’est le rappel du nouveau contingent : des sourires forcées et des pleurs.
16h15 : Toul : nous gagnons notre commandement à 2 km. Nos camarades nous reçoivent avec joie et le lendemain au travail : nous coulons en béton armé des nids pour mitrailleuses tout le long de la route de Commercy-Verdun. Nous creusons des galeries de 12 à 15m de prof.

Mercredi 12 Juin : Un gros orage nous surprend, une rupture de canalisation inonde 2 de nos galeries, nous passons une journée à pomper l’eau nous travaillons dans la boue jusqu’à mi-mollet, c’est de la glaise ! nous sommes de plus en plus surveillés par l’aviation allemande.

Jeudi 13 : Matin survolés par des « isolés », le soir 7 vagues de bombardiers lourds nous survolent. Chaque fois c’est 50 à 70 avions et une vingtaine de chasseurs. C’est un spectacle émouvant et impressionnant. J’ai passé une heure à plat ventre sous un arbre, trop loin de la tranchée. La DCA tirait au maximum ! résultat ? Néant : j’ai été déçu ! Pauvre DCA qui faisait retomber sur nous des éclats comme s’il en pleuvait. J’en ai ramassé deux à portée de ma main. Décidemment ça se gâte ! on redouble de vigilance je suis de garde dans la nuit, à 5h je suis relevé, à part les avions : RAS.

Vendredi 14 : 8h : nous recevons l’ordre de rejoindre Mehun s/Yèvres dans le plus bref délai nous demandons un train pour le matériel : pas de train : 11h : ordre de se replier immédiatement, nous allons être encerclés par le Nord. Vite on s’équipe : les cartouchières sont pleines, on prend encore 100 c chacun Midi : nous sommes prêts, mais voilà les bombardiers ! pas de DCA elle s’est repliée : pas de chance ! L’escadrille des Sioux, notre illustre voisine, est parti dans la nuit. Soudain un sifflement de bombes ! « couchez-vous ! » personne se relève : le parc à fourrages, le dépôt du matériel et l’Intendance sont en flammes. 13h : nouveaux ordres on inonde d’essence les dépôts, magasin central (6millions de march.) et bâtiments et l’on y met le feu ! quelle triste vision. Nous faisons sauter nos ouvrages creusés avec tant de peine ! Notre devise se réalise : « souvent construire, parfois, détruire, toujours servir »
15h : départ : en file indienne, sous les arbres de la route, en 2 colones, nous partons, bien chargés : 3 sacs, 2 musettes, masque, fusils, cartouches, je mets ma valise dans la camionnette de la compagnie. La reverrai-je ?
15h30 : Nous traversons Toul, plusieurs maisons viennent d’être détruites par les bombes, les gardes territoriaux recherchent les cadavres sous les décombres, avant le pont une bombe est tombée : six corps déchiquetés sont rangés le long de la route. Sur la route une file interminable avance à grand peine ! des voitures des camions des charrettes, des canons tractés, des civils évacués, des militaires, à pied, à cheval, en moto, à vélo, de l’infanterie, de la cavalerie, du train de l’artillerie, de la DCA ! par contre d’autres montent en ligne, eux aussi sont pressés car ils vont prendre position, c’est un embouteillage indescriptible et cela tant que nous suivons la route nationale on la suit pendant 17km. Nous nous infiltrons avec peine, notre colonne s’étend maintenant sur des km, les derniers rejoignent en montant sur les marches pieds des camions, souvent nous marchons des fossés encombrés d’armes de toutes sortes abandonnées.
18h : Nous passons à Bicqueley nous attaquons un pays vallonné, à toutes les côtes nous poussons les voitures de vivres, car les chevaux n’en peuvent plus.
21h : un de nos chevaux, tombe et ne peut se relever, nous le tirons dans le fossé et l’abandonnons, nous liquidons les deux bonbonnes d’eau-de-vie et laissons les autres vivres ! nous traversons un petit village et remplissons nos bidons d’eau. La fatigue commence à se faire sentir, les dos se courbent, les respirations sifflent, de temps en temps, on ouvre le sac et l’on jette le superflu pour s’alléger. Je me débarrasse d’une musette et de ma paire de bottes. Les épaules sont écorchées par les courroies, la marche se ralentit. Le Capitaine redescend la colonne pour secouer les traînards.
21h45 : nous abandonnons la route nationale, notre nouvelle route n’est encombrée que par l’artillerie lourde, on marche plus aisément. Nous passons devant un dépôt souterrain de bombes (600 000kgs !) qui doivent sauter demain à 7h, nous assurent 2 lieutenants en nous donnant de l’eau. La nuit vient. Les vallons, les collines, couronnées de petits bois s’estompent vite, le temps se couvre. Il fait tout à fait nuit.
23h : on fait une pause de 20 minutes pour attendre les retardataires. Il en manque déjà ! Entre le Lieutenant « Du courage ! et ayez confiance je ne vous quitterai pas, j’irai avec vous jusqu’au bout ! » nous dit notre capitaine qui nous donne l’ordre de rejoindre Besançon par tous les moyens. Nous passons Crepey. Malgré nos signaux aucun camion ne s’arrête ! ils sont plein à craquer. Un radio du 8ème Génie, nous apprend que les allemands ont passé Commercy ! (20 à 25km !) il faut se hâter, nous repartons fatigués, le ventre vide, la gorge sèche, muette, la colonne s’échelonne à nouveau, on entend que les respirations haletantes, sifflantes et les clous crissant sur la route, une route blanche, le vent en soulève la poussière, ce qui nous oblige à boire souvent, par petites gorgées, dans la nuit.
Minuit 30 : Le vent fraîchit, une pluie fine commence à tomber, la route monte, la sueur perle les visages poussiéreux, nous marchons sans nous occuper des traînards. Il faut arriver à temps, sortir de l’étau qui se resserre autour de nous, nous avons bon espoir. Des camions nous croisent, tout feux éteints, nous leur signalons notre présence par deux falots rouges camouflés, placés en tête de chaque colonne.
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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptySam 26 Nov - 21:19

Samedi 15 1h : nous traversons Goviller désert, un ronron d’avion, nous sommes survolés mais la nuit nous est propice, on marche toujours.
3h : nous arrivons en vue de Vézelize, un clocher se découpe faiblement dans le ciel. Avec quel soulagement nous accélérons le pas. Nous entrons en ville, tout est clos, évacué, des soldats couchés partout, rien ne bouge, on les croirait morts, ils se reposent, ils sont si fatigués, il y en a qui viennent des Ardennes !
3h15 : Nous sommes à la gare, assez loin de la ville, dans une heure nous aurons probablement un train, nous dit le chef de gare. Avec quelle joie nous accueillons cette nouvelle. Le jour commence à poindre, encore des avions, nous allons nous cacher dans un petit bois on en profite pour se déchausser, on pose les pieds en sang et ulcérés, je n’ai rien aux pieds (ayant pris par nécessité des chaussettes lavées pas encore sèches) je ne ressens que la fatigue des jambes et des épaules. Nous avons fait 52 kms ! On s’étend dans la mousse fraîche quelques minutes et nous redescendons à la gare. Là un coup de téléphone anéantit tout espoir ! A quelques kms, par suite d’un bombardement : deux trains se sont tamponnés, obstruant la ligne. Cet imprévu nous cause une cruelle déception. Que faire ? Le Capitaine consulte sa carte. Il décide d’aller prendre un train à Mirecourt pour aller sur Epinal soit : 27 kms ! on murmure mais nous sommes prêts à tous les sacrifices. Il faut en sortir, à tout prix, quitte à faire 100 kms ! la pause nous a plus fatigués que reposés, les membres sont rompus, le corps engourdis, nos deux colonnes repartent d’abord lentement, puis accélèrent le pas, nous comprenons toute la gravité de notre situation. Je viens en aide à un camarade (Maurice) épuisé, je lui prends son sac et son « flingue », malgré ce soulagement il s’accroche à mon bras : « J’en ai marre ! » me souffle-t-il faiblement. Je lui fais comprendre que nous allons bientôt sortir de l’encerclement, il ne répond pas, ses yeux sont rivés à terre, plusieurs sont dans son cas, ils marchent comme des automates.
7h10 : nous arrivons à la bifurcation de la route de Mirecourt, sur cette route c’est un défilé ininterrompu et indescriptible, civils et militaires se bousculent. Pourrons-nous passer aisément ? Non. Nous ne pourrons avancer que très lentement et de plus risqués d’être mitraillés. Notre capitaine décide de partir sur Charmes dont la route et déserte. En effet, nous ne sommes pas inquiétés.
7h30 : nous sommes survolés, mais les avions suivent la route de Mirecourt, un tac-tac de mitrailleuse nous donne raison. Au loin, un bruit de bombes, de la fumée.
8h00 : nous sommes survolés à basse altitude, un avion se détache du groupe et seul vient vers nous. « Planquez vous ! » Les plus pressé se jettent dans le fossé ; à quelques mètres de la route je rampe jusque sous un buisson d’aubépine, j’attends, couché, la tête sur les bras croisés ; dans un bruit infernal l’avion pique sur nous, les rafales de mitrailleuses sifflent autour de nous, l’avion est déjà passé et disparaît en rase-mottant une colline, on relève la tête, pas un blessé ! C’est un miracle ! tout à coup, sous ma poitrine quelque chose bouge, je me soulève vivement, avant que j’ai le temps de voir l’objet de ma peur, je me sens le visage fouetté par des ailes ! relevant la tête, j’aperçois volant au ras des herbes une perdrix grise, autour de moi, on rit de bon cœur, j’écarte les herbes ; un superbe nid, tout chaud, de beaux œufs gris, j’en compte 19 !! 2 ont été cassés par l’envol gêné de l’oiseau, je les enlève et recouvre le nid que la mère éperdue pourra retrouver et couver. Tout le monde veut voir le nid et on rit de mon aventure! mais le Capitaine nous rappelle à une autre réalité : il faut marcher. Cet incident me fut l’occasion d’une belle peur, bien davantage que le danger que nous venons de côtoyer heureusement sans mal, nous partons sous le soleil brûlant, les chemises sont mouillées, on voit la sueur perçait à travers les vareuses.
9h : nous grimpons les côtes de Charmes, les chevaux n’en peuvent plus, nous poussons les voitures bientôt nous suons autant que les bêtes elles-mêmes!
9h15 : une belle Renault s’arrête à notre hauteur, un homme descend, c’est notre Colonel, il cause à voix basse à notre Capitaine puis fait quelques centaines de mètres avec nous et nous quitte en nous demandant d’avoir du courage et nous souhaite bonne chance. Nous ne devrions plus le revoir. Le Capitaine nous met au courant de la situation, il faut aller beaucoup plus vite, sinon… mais lui ne nous abandonnera pas quoiqu’il arrive, il nous en fait le serment.
10h00 : Nous arrivons à la bifurcation de la route de Nancy, c’est un défilé ininterrompu de voitures militaires et surtout civiles, impossible de passer, et puis il faut aller vite. Nous abandonnons nos trois voitures de vivres dans le fossé et lâchons les chevaux blancs de sueur dans le pré le long de la route. « Pour ceux qui s’égarent ou qui iraient plus vite, rendez-vous à Besançon, là on avisera ». Nous mettons deux heures pour faire les 5kms qui nous séparent de Charmes. Vite à la gare, où nous arrivons épuisés, nous avons fait 79kms depuis hier soir, on s’étonne de la résistance du corps même moins alimenté. Notre Capitaine fait cadeau de ses deux beaux chevaux à premier homme qu’il rencontre, ils ont servi uniquement à transporter ceux d’entre nous qui flanchaient. Tout à coup, le sourire revient sur toutes les lèvres, nous avons un train en partance, c’est un train de matériel de DCA et d’artillerie. On s’installe comme on peut à califourchon sur le matériel, sur le vagons où nous sommes 2 mitrailleuses contre-avions sont installées. Et là, brisés, nous essayons de dormir. Il fait chaud, il est midi au soleil, personne n’a fin mais bien soif, la fièvre du départ probablement ; enfin à 15h, on démarre mais à quelle vitesse ! maximum 20 à l’heure!
16h : un avion de reconnaissance vient sur nous, les mitrailleurs sont prêts, soudain l’avion survole le train dans le sens de la marche en zigzaguant sans doute pour reconnaître si notre train est militaire ou si ce sont des réfugiés civils, l’avion pique à quelques centaines de mètres, on distingue très bien la croix noire sous les ailes, les mitrailleurs entrent en action, notre Capitaine nous fait signe de tirer, immédiatement chacun se met en position, par bonheur l’avion revient, l’occasion est bonne, et chacun de faire feu à volonté, les mitrailleuses crachent sans arrêt, je ne ménage pas mes cartouches, le train roulant, le tir est imprécis et l’avion file sans être atteint dans une de ses parties vitales, c’est bien dommage car il nous a repéré.
17h : nous arrivons à Thaon, une brave femme en bordure de la voie veut bien remplir mon bidon d’eau, elle a la bonté d’y mettre un peu de café sucré, j’en suis confus, elle nous apprend que la ville vient d’être bombardée, l’épaisse fumée qui s’élève en plusieurs points de la ville en est la preuve. Nous repartons mais à peine avons-nous fait 2kms que le train stoppe sur un signal à l’arrêt, en rase campagne, rien en vue, des prés et plus loin des bois.
18h : Nous attendons toujours quand un ronron d’avion nous fait lever la tête, le fusil en mains nous cherchons et attendons, soudain une formation serrée de bombardiers débouche de derrière le coteau qui limite notre horizon. Ils sont 15. « Planquez vous ! » crie notre capitaine « ne tirez pas » sans lâcher le fusil, vite on saute du train, les uns se cachent dans les fossés boisant la voie, d’autres, dans le pré voisin, quant à moi, je trouve un refuge plus sûr, sous les essieux de mon vagon à boggio, un RRly, sur ma tête, les plates-formes de DCA forment une épaisseur de 1m50 de bois, je n’ai pas de casque, mon voisin dans sa précipitation s’est emparé du mien, la tête contre le rail, j’observe entre les deux roues, les avions sont jusque au-dessus de nous, soudain, une, deux, 3, 4 bombes se détachent, je me colle le visage au sol, les mains sur la tête ; de formidables sifflements suivis aussitôt d’explosions qui secouent la terre, les oreilles bourdonnent, chaque bombe provoque un arrêt de la respiration mais le chapelet de bombes s’égrène, la terre et les cailloux sont projetés avec violence, un éclat passe en sifflant sous mon vagon et ricoche sur une puce métallique. Trente bombes environ ont été lâché, le train doit être coupé en 2, car les trous sont très rapprochés, 3 à 4 mètres, les poteaux télégraphiques en face de moi penchent terriblement, soudain ils s’inclinent, je n’ai que le temps de crier et les poteaux tombent ; un groupe de camarades a failli être écrasé. Les avions sont déjà loin toujours poursuivis par les 2 mitrailleurs qui ont eu le courage de rester à leur poste durant ce bombardement, les servants nous affirment avoir été mitraillé par un des avions. Comme nous nous relevons voilà de nouvelles explosions, des bombes à retardement, plus faibles nous nous replaquons au sol, c’est un chapelet parallèle au premier mais de bombes incendiaires aussitôt un vagon prend feu « c’est nos munitions crie mon lieutenant du 403ème, sauvez-vous ! » il n’a pas achevé sa phrase que de formidables explosions sèches font vibrer l’air. Il y a là plus de 8000 obus de 75 ! les culots partent en tous sens en sifflant ; des éclats , il en pleut ! Les explosions se succèdent sans arrêt au rythme de 3 à 4 par seconde on ne s’entend plus, chacun se sauve, en rampant sous le train, je m’éloigne au plus vite, nous nous regroupons assez loin, nous faisons l’appel personne ne manque, un seul blessé recouvert de terre par l’explosion d’une bombe, c’est un caillou qui lui est retombé sur l’épaule, aucune cassure apparente c’est une chance. Il n’en est pas de même pour nos camarades du 403ème, certains ont été tués par les bombes, d’autres ont péri carbonisés dans les vagons de munitions. Nous n’avons plus rien de notre équipement militaire et personnel sauf le fusil, et tous ne l’ont pas, tout est resté là-bas, sur le vagon inapprochable qui est la proie des flammes (quelques uns n’ont pas de veste). Il faut partir notre Capitaine s’oriente. Après un détour à travers bois nous nous trouvons sur une route. Une borne : Epinal 7kms sur la route des autos abandonnées ; timidement des gens sortent de derrière les buissons longeant le canal : « Où « ils » sont » ! – qui ? – Les allemands ! – savons pas ! et nous souriant – ce n’est pas eux qui tirent ! et nous leur expliquons ce qui s’est passé, ils remontent précipitamment dans leurs voitures nous demandant s’ils pourront passer, ce à quoi nous ne pouvons répondre. Chemin faisant, nous nous échangeons nos impressions, fait étrange, nous avons tous eu, au moment du bombardement, l’impression que « nous allions y rester » ! et comme chacun ne pensait qu’à soi, il revoyait tel un éclair tous les êtres qui lui sont chers. Des camions vides passent à toute allure, ils sont conduits par des gardes-mobiles, aucun n’obéit à nos signaux.
19h20 : nous rencontrons l’ambulance qui va sur le lieu de bombardement, ce sont les évacués qui l’ont prévenu et qui ont rassuré la population anxieuse d’Epinal, nous donnons aux infirmiers tous renseignements sur les lieux du sinistre. Encore des camions vides, furieux nous décidons de les arrêter de force. Nous barrons la route, l’arme braquée, il s’arrête, le conducteur refus de nous monter, nous ne l’écoutons pas et envahissons le camion. « Ca m’est défendu, je vais me faire engueuler ! - On s’en fout, nous on vient de se faire bombarder et l’on a fait 84kms à pied sans manger !! » et il part. l’entrée de la ville est embouteillée, nous descendons. Il est 8 heures quand nous entrons en ville, une foule inquiète, nous pose un tas de questions, de braves femmes vont chercher des vestes pour ceux qui n’en ont pas, des couvertures, on remplit nos bidons d’eau, pas d’aliment, il n’y a plus de vivres ; Le bruit d’explosions de notre train prend fin comme nous arrivons à la gare, les déflagrations ont duré deux heures. Vite aux renseignements ; pas de train avant minuit, nous redescendons, nous nous couchons sur le trottoir, impossible de dormir, voilà un bruit infernal, c’est un défilé tanks qui, à toute allure, vont prendre contact.
22H30 : on part vite, on embarque, nous avons 2 vagons, nous sommes serrés impossible de se coucher, même de s’asseoir, peu importe, tous se précipitent et le train démarre brutalement : les allemands sont aux portes de la ville. notre train va au ralenti puis s’arrête, repart pour s’arrêter à nouveau et cela durant toute la nuit
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etlatete
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptySam 26 Nov - 21:19

Dimanche 16 Juin :
L’aviation, pas la nôtre bien sûr, patrouille sans arrêt et l’on entend par intervalle, des bruits d’explosions, probablement des bombes, le temps est découvert aussi il fait jour de très bonne heure. Nous voyons quelques villages déserts, sur les routes quelques cyclistes avec un maigre bagage au guidon, sur la ligne tous les signaux sont bloqués à l’arrêt, ce qui limite notre vitesse. Les passages à niveaux, les postes d’aiguillage, les gares, tout est désert, absolument personne, certaines gares sont ouvertes, portes et fenêtres par où l’on aperçoit épars des papiers en désordre que le courant d’air chasse dehors : signe d’abandon précipité. On se demande si les cheminots ont fait leur devoir ? des reproches sévères s’élèvent parmi nous ; car enfin que craignaient-ils dans leur petite gare, sans importance, éloignée de tout ? et puis, on fait son devoir partout, certains et c’est à leur honneur, ont bien mérité de la Patrie, témoins ceux qui étaient dans notre convoi bombardé à Thaon, ceux qui nous emmènent maintenant, devant tous ceux-là, je tire mon chapeau, car c’était encore eux qui dans les gares faisaient les aiguillages.
5h15 : nous nous arrêtons à l’entrée d’une gare, pas un signal debout ! pas un batiment ! pas un mètre de voie intact, c’est la gare régulatrice d’Aillevillers, bombardée au petit jour par l’aviation italienne. Il est impossible de décrire le chaos et le bouleversement de cette gare. Plusieurs torpilles de 1000 kgs sont tombées du Centre, creusant des entonnoirs de 3 à 4m. de profondeur, de quoi loger une section ! Les rails se dressent en l’air, tordus, repliés, noués. Une longueur de voie de 18 m, a été projetée, rails et traverses, par-dessus la gare, sur une maison bordant la route, la maison s’est en partie écroulée. Un train de marchandises se trouvait probablement en gare, en effet, on retrouve des morceaux d’essieux et de vagons un peu partout : de la gare, il ne reste rien. Le quartier bordant l’avenue conduisant au Centre d’Aillevillers, est complètement détruit, quelques maisons flambent ; à droite, un tas de briques et quelques tiges de fer tordues, c’était le poste d’aiguillage... mais une question se pose ? « Allons nous pouvoir passer » ? Le mécanicien et notre Capitaine sont allés se rendre compte. Heureusement une cie de Génie a passé avant nous et a pu rajuster la dernière voie de garage, la moins détruite et nous avançons lentement au milieu de grincements, de secousses, de fléchissements ; va-t-on dérailler ? La portion de voie rapportée ploie en effet sous le poids, le vide dans la voie n’étant comblée que par des débris de traverses, lentement nous passons, mais nous passons tout de même, quel soulagement ! à droite, le bois bordant la voie n’est qu’un tas de branches et de troncs déchiquetés. Nous quittons enfin cette vision d’horreur. Y a-t-il eu des victimes ? On ne le sait. Nous n’avons pas vu âme qui vive.
6h : nous passons St Loup qui lui est intact. mais toujours personne. Nous faisons au moins 5 K à l’heure. Dans le ciel une longue traînée horizontale, une fumée épaisse et noire s’étire en ruban à quelques 100m de hauteur sur des Kms nous la suivons. Est-ce un incendie ? une ville qui brûle ? à la sortie d’une tranchée brusquement nous sommes fixés. C’est un dépôt de mazout et d’huile lourde que les gardiens ont incendié après avoir dirigé le liquide dans un pré en cuvette. Bien que passant à une cinquantaine de mètres nous sentons l’immense chaleur des flammes qui s’élèvent à 40 ou 50 m. de hauteur.
8h : Port d’atelier : gare intacte mais abandonnée. arrêt : notre Capitaine consulte sa carte, nous devons être à la limite de la zone d’encerclement, dans quelques instants nous serons hors de danger, ce dont nous nous félicitons. Devant nous, un train est arrêté, si nous le prenions nous pourrions gagner l’avance d’un convoi ? le Capitaine est d’accord et l’on s’installe dans le train devancier, c’est en grande partie un train d’A.L.V.F., le 372ème, mais nous ne partons pas, la charge est trop lourde et la rampe assez forte. Les mécaniciens des 2 trains se consultent, on attelle les 2 convois, on essaie, les locomotives patinent, on fait quelques mètres et arrêt... rien à faire. Un train de civils arrive, on l’attèle aux 2 précédents, cela forme un immense convoi de près de 200 vagons remorqués par 5 locomotives ; on part lentement d’abord puis on arrive à 10 à l’heure.
9h : Le convoi stoppe dans une tranchée ; un train, moitié sanitaire, moitié civils est à l’arrêt devant nous dans une tranchée d’accacias. Nous pourrions gagner encore un convoi, aussitôt fait. on saute du train et l’on court vers l’autre convoi. Soudain, comme nous passons à découvert le tac-tac d’une mitrailleuse se fait entendre. « Couchez-vous » ! crie le Capitaine, c’est déjà fait ! D’où cela vient-il ? de pas très loin. Est-ce les nôtres ? mais non, les balles sifflent sur nos têtes, on nous tire dessus. « C’est les allemands ! » lance le Capitaine. Les balles percutent en sifflant sur le talus de gauche, nous rampons dans le fossé. Un arrêt : au-dessus de nous un bois ! donc un refuge : à toute allure nous gravissons le talus d’une cinquantaine de mètres, deux nouvelles mitrailleuses entrent en action, les balles sifflent mais nous arrivons dans le bois personne n’est atteint ; vite, on se regroupe autour du Capitaine, au même instant un sifflement suivi d’un éclatement terrible, nous plaque tous à terre. C’est un obus de 77 qui vient de tomber à 100m de nous, comme on va se relever, un autre obus puis un 3ème puis d’autres, sans arrêt nous oblige à rester sur place, le tir se rapproche, les obus tombent tout près, la terre vole en éclat, des arbres tombent, nous ne pouvons rester là, le Capitaine donne des ordres, il faut crier, on ne s’entend plus. « Séparez-vous le plus possible – tous en bordure du bois – que personne ne se montre – Restez couché. faites suivre » et chacun obéit, nous suivons le Capitaine en rampant. Nous passons à travers un fourré de buissons, on s’égratigne les mains, la figure ; nous accélérons le pas chaque fois que le tir se rapproche, chaque sifflement nous plaque au sol. Une accalmie nous permet de respirer, nous avançons plus vite, à demi courbé nous courrons sous bois quand tout à coup un obus éclate à 10 mètres ! Je n’ai reçu que de la terre, nous somme repérés, 5 ou 6 obus éclatent autour de moi, je reste à l’abri derrière un gros sapin. un ordre arrive : « Que tout le monde suive » un arbre brisé barre notre route, il faut le contourner, les obus tombent en arrière, cela me rassure, les derniers de la colonne rejoignent, voilà encore des buissons, rien ne nous arrête, enfin voilà un ravin mais orienté dans l’axe de tir donc inutilisable. Le tir d’éloigne puis se rapproche un obus éclate tout proche, un arbre tombe il a failli nous recouvrir, nous montons sur la pente opposée et nous nous séparons. Un camarade pas très rassuré et très pâle me suit. Je lui demande de s’éloigner afin de diminuer le plus possible les dégâts, il ne veut rien entendre, « mais si un obus, tombe là, on va se faire bouziller tous les 2 ! » - ça ne fait rien, je veux rester avec toi ! – alors tant pis... tu as peur ? – oui, un peu – Le tir quelques minutes interrompu, reprend de plus belle ! » serrons-nous bien, nous nous protégerons mutuellement » et je sens qu’il tremble, cela me produit un drôle d’effet ! Tout à coup j’aperçois le gros de la Cie déjà éloignée, vite nous rejoignons.
10h20 : les obus s’espacent puis cessent tout à fait, une escadrille d’une trentaine d’avions passe mais ne peut nous voir. Le Capitaine consulte la carte, il faut passer droit au sud pour nous mettre à l’abri derrière la montagne, attendre la nuit et par marches forcées essayer d’atteindre la Suisse, nous marcherions toute la nuit et nous cacherions le jour. Nous avons soif, 4 de nos camarades se dévouent pour aller remplir les quelques bidons que nous possédons, en rampant dans un chemin creux ils arrivent jusqu’au canal et nous rapportent sans incident une eau sale et répugnante que nous trouvons fort bonne, quant à la nourriture il ne faut pas en parler.
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MessageSujet: Re: UNE histoire extraORDINAIRE   UNE histoire extraORDINAIRE EmptySam 26 Nov - 21:20

11h05 : un bruit sourd se fait entendre, comme un grondement lointain qui va en s’amplifiant. Un sous-officier va se rendre compte. Nous sommes fixés : c’est une colonne motorisée qui passe sur la route en direction Nancy. Rien n’y manque : tanks légers d’avant-garde, tanks lourds, autos-canon, autos-mitrailleuse et derrière l’artillerie, l’infanterie et autos anti-chars et... tout cela passe dans un bruit infernale et nous barre la route de Vesoul. nous sommes donc bien encerclés par une armée venant du sud alors que nous fuyons pour échapper à l’encerclement par le Nord. Nous sommes donc pris du Nord et du sud et les allemands viennent de nous couper la route de la Suisse à l’Est. Tant pis, nous allons prendre position pour essayez de franchir la ligne une fois la nuit venue. Il est midi il fait chaud, nous nous comptons, de la Cie nous ne sommes plus que 63, en rampant nous contournons un pré sur la gauche, nous arrivons dans un petit bois que nous traversons, nous nous trouvons devant un terrain escarpé, caillouteux et ... découvert. Courbés, espacés nous franchissons cet endroit 4 à 4. Les 4 premiers ont passé, les allemands ne nous voient donc pas ! Les 4 suivants partent quand tout à coup 2 mitrailleuses déclanchent leur tir rapide sur nous. Elles nous prennent de face ce qui est moins dangereux. Les balles ricochent sur les cailloux en faisant de petites fumées, leur bruit est strident d’autres camarades passent sans incident malgré les balles. Je passe à mon tour, ces 40 ou 50 mètres m’ont paru bien long, leur tir est imprécis, tant mieux pour nous. Nous voici dans le petit bois, un bois clersemé et deci, delà des petits rochers émergent d’un terrain sec. Nous grimpons, les mitrailleuses se sont tues soudain un sifflement nous jette tous à terre, un 77 éclate à 100m sur la gauche ; puis plus rien ; par une éclaircie, l’un d’entre nous aperçoit la batterie qui nous canarde ! elle est, en effet, placée sur le plateau bordant la Saône, juste à notre hauteur, les canons tirent donc de plein fouet puisqu’ils sont à environ à un kilomètre, même pas. nous filons sur la droite et voilà la batterie à nouveau déclanchée, les obus éclatent à 100m derrière nous, puis ils se rapprochent faisant retomber autour de nous une pluie de cailloux et de terre, il faut avancer et vite, nous empruntons un sentier, je vois une planche, je la ramasse pour mettre sur ma tête car je n’ai pas de casque, les obus se rapprochent ! Des barbelés nous barrent le chemin, comment sont venus là ces barbelés, personne ne cherche la réponse mais tout le monde peste. Les plus pressés et nous le sommes tous, y laisse quelques brins de peau ou quelques morceaux de pantalon, soudain un obus éclate à 6m. à côté deux camarades qui déchiquetés sont projetés dans les arbres, c’est affreux : quelque chose a heurté la planchette que j’avais mis devant ma tête. C’est un éclat qui a pénétré dans le bois et l’a presque traversé. Les obus éclatent tout à tour de nous, des arbres tombent. Je me glisse dans le trou d’obus le plus près de moi. un camarade s’y glisse aussi, c’est mon camarade du matin ; « je t’avais perdu, j’ai eu peur pour toi » mais les camarades s’en vont, toujours comme poursuivi par les obus, de temps à autre un obus tombe parmi eux, faisant morts et blessés. « Qu’est-ce qu’on fait ? » demande mon camarade, rien ! on va rester là on est bien ! » - on suit pas les autres ? – Non, ils feraient mieux de s’arrêter et de laisser passer l’orage ! » puis bientôt je ne les vois plus, la canonade s’éloigne, les camarades doivent avoir maintenant contourné la montagne, le canon cesse tout à fait, il est (14h15) 2h1/4. Nous nous regardons avec mon ami, nous sommes pales, je lui montre ma planche et lui explique : « Ben ! mon vieux ! Tu as eu de la chance, tu l’as échappé belle » - oui, que je lui réponds, et voilà que maintenant j’ai peur, mes mains tremblent. « - Tu as du avoir peur » me dit mon camarade, - Non. Ça été si rapide, mais c’est maintenant que je me rends compte : et cette planchette qui m’avait sauvée la vie danse dans mes doigts, je tirai mon couteau pour prendre l’éclat, mais le bois est dur, avec gros caillou je réussis à la casser en deux et avec mon couteau je réussi à retirer le bout de ferraille, il n’est pas gros ; comme la moitié du pouce.
14h : Nous sommes seuls. Que faire ? Je commence à regretter d’avoir abandonné la Cie. Sils allaient essayer de passer en Suisse, et qu’ils réussissent ! tant pis, nous redescendons sous bois jusqu’au Canal, je bois une gorgée d’eau et nous suivons le Canal et apercevons sur la route le défilé interminable de la colonne motorisée avec engins blindés. Pour ne pas entrer en contact avec eux nous remontons le talus et nous voilà sur la voie ferrée. Un train de civils est là, des femmes pleurent, des enfants poussent des cris, le train a été touché, un vagon a été détruit par un 77, dans un vagon une vieille femme se meurt, en tête de train c’est une jeune femme qui vient d’accoucher heureusement assister d’un lieutenant-médecin. Nous passons, là-bas, on aperçoit un passage à niveau désert, peut-être pourrons-nous passer ? nous parvenons en tête du train, 15 camarades de toutes armes, nous nous joignons à eux. Un sergent-chef alsacien veut bien aller jusqu’au passage à niveau voir s’il y a quelqu’un. Il s’en va. Tout à coup, deux coups de feu et l’on voit le chef lever les mains et deux allemands la mitraillette aux poings s’avancent vers lui, ils le fouillent, puis parlementent. Le chef vient seul. Nous sommes pris, il faut se rendre, que tous les militaires se mettent devant la machine du train, en hate, dans le fossé, on brûle tous papiers compromettants, je retourne en hate vers le vagon où se trouvait notre capitaine, il y a là sa serviette, j’en prends les papiers et les ordres, je les rapporte et les passe au mécanicien, qui les jette dans le foyer. Cela n’a même pas fait une petite fumée. 10 minutes passent et l’on voit arriver un groupe d’une dizaine d’allemands. Avec un officier ; nous sommes alignés devant la machine, deux allemands installent une mitrailleuse sur une coffre à outil placé à une dizaine de mètre de nous, l’instant est glacial, on se regarde, un allemand glisse une bande dans la mitrailleuse qu’il braque sur nous, l’instant est critique, allons nous être fusillés. L’officier allemand nous répond « nein » avec un large sourire, la glace est rompue cela va mieux. On nous demande si nous n’avons pas de morts ni de blessés ; pour les morts on leur indique l’endroit et pour les blessés les malades du train civil, quelques instants après, des infirmiers suivis d’un major allemand arrivent et partent avec l’officier visiter le train. Nous causons au moyen de l’alsacien avec les allemands qui sont là, tous ont la mitraillette ils paraissent très jeunes, imberbes, à peine 18 à 19 ans nous échangeons des cigarettes. Un bon vieux paysan débouche sur la voie il porte une musette pleine de lettres, c’est un vieux poilu ancien prisonnier, il sort de ses poches deux canettes de bière et nous buvons. ah ! Quelle est bonne !! nous écrivons, il nous assure qu’il fera parvenir nos lettres. c’est un soulagement. Il est 15h1/4 nous sommes prisonniers. Que va-t-on faire de nous demandons-nous ? – nous serons envoyé en Allemagne, nous est-il répondu. Enfin nous en prenons notre partie nous estimant très heureux d’avoir eu la vie sauve. L’officier revient nous partons deux par deux encadrés. nous bougeons un train d’ALVF, de superbes canons de 380, qui n’ont jamais tiré sont là, eux aussi prisonniers, un 77 a éclaté juste au Centre d’une locomotrice, la coupant presque en deux. Nous passons le passage à niveau et descendons à Port s/ Saône.
16h : Nous voilà sur la grand’route, la colonne motorisée passe sans arrêt. nous traversons la ville, qui n’a rien eu. Le pont sur la Saône a sauté, endommageant les maisons d’alentour. Nous traversons la saône au ras de l’eau parmi les pierres du pont et quelques planches jetées sur les cailloux. La déflagration a dû être terrible jusqu’à 50 m. toutes les maisons sont lézardées, sans vitres ni cheminées quelques-unes se sont écroulées. L’armée allemande passe la rivière plus en amont sur un pont de bateau. Nous arrivons sur la place où nous sommes laissés seuls. nous faisons un peu de toilette à une fontaine. Les civils qui n’ont pas pu partir nous apprennent que les allemands sont là depuis le matin 7h30. beaucoup n’ont pas eu le temps de se sauver. Une brave dame qui me donne un peu de café m’apprend que la ville devait s’évacuer en Haute Loire, sa mère partie depuis quelques jours, était à Saint Jean De Nay, et nous causons de la Haute Loire.
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