Vos carnets de voyage.

(Je n'ai plus de photos mais j'avais encore mon carnet de voyage sous le bras... :-D )


CARNET DE VOYAGE CHAPITRE UN
BURKINA FASO, AoûT 2003

Après une excellente expérience de chantier de bénévoles l’an dernier déjà en Roumanie, j’ai décidé cet été de renouveler l’expérience mais dans un autre pays, à couleur bien différente : le pays des hommes intègres.



Le Burkina est très riche humainement, malgré une situation économique et politique encore très difficiles, qui font pourtant de lui un des pays les moins pauvres et les plus « stables » de l’Afrique de l’ouest, voire de l’Afrique entière. Ce pays compte plus de 10 millions d’habitants, localisés essentiellement dans les trois plus grandes villes : Ouaga, la capitale, Bobo-Dioulasso et Koudougou.



Il faut savoir que le français est la langue officielle. Cependant, les langues de la famille soudanaise, comme le moré (parlé par le peuple mossi) et le dioula, la langue des commerçants, sont parlées par la majeure partie de la population. Environ 65% des Burkinabés pratiquent les religions traditionnelles animistes qui imprègnent l’islam (25% de la population) et le catholicisme (10%).

Après cette brève intrusion dans le pays, je vais vous parler plus précisément de ce que j’y ai fait, et de ce que j’y ai vécu…

LE PROJET

Au départ, j’étais sensée faire du soutien scolaire dans un lycée de la capitale, à Ouaga donc. Lorsque je suis arrivée le 5 août au soir à Ouaga avec deux autres volontaires, nous avons appris que les volontaires de Ouaga seraient tous « mutés » dès le lendemain à Koudougou, la troisième ville du Burkina située a 100 km de la capitale. Le lycée de Ouaga a été réquisitionné par l’Etat pour le passage des épreuves du concours d’entrée a la Fonction Publique…on n’a pas le choix, puisque plus de local, donc le lendemain on se rend tous à Koudougou.



Le chantier se déroulera au lycée provincial de Koudougou, légèrement excentré par rapport au « centre ville ».L’association locale se nomme « SOLIDARITE JEUNESSE » et notre projet était intitulé « Ecole Secours ».


A SUIVRE...

Merci alyn :-o
Faut attendre pour la suite

FleurDeYeux a écrit:

A SUIVRE...

T'es dure......
Les photos étaient sympas, mais si tu nous livre ton carnet de voyage, je vais avoir du mal a patienter......
Déjà rien que le début, ca m'a captivé.........vite, la suite de ton voyage......S'te plait......Raconte.....

je te suis quand tu veux FLeur

Carnet de voyage chapitre deux : LE CHANTIER



Arrivés au lycée, on est accueillis par une horde d’enfants (les enfants du quartier ) qui ont l’air ravis de voir arriver des nassaras (c’est comme ça que les burkinabés surnomment les blancs) dans leur école. Les petits sont bien souvent en haillons, lorsqu’ils sont habillés, car certains sont simplement en petites culottes…première claque !

Nous aurons la première réunion le soir même avec le censeur du lycée, Keregue, car nous devons commencer les cours dès le lendemain. Il nous explique succintement la situation actuelle de l’éducation au Burkina et ça fait froid dans le dos : le niveau d’alphabétisation demeure très insuffisant; moins d’un habitant sur cinq sait lire et écrire.

L’école est gratuite et obligatoire pour les enfants de 7 à 13 ans, mais, en raison du manque d’enseignants et du caractère rural du pays, un tiers seulement des enfants peut en bénéficier réellement, la plupart des enfants étant réquisitionnés dans les champs pour aider leur famille.

Malgré des efforts importants de la part des pouvoirs publics, 17% des enfants de 12 à 17 ans sont scolarisés dans l’enseignement secondaire, et dans ces 17%, 22% seulement auront leur bac... Moins de 1% des jeunes Burkinabé suivent un cursus dans l’enseignement supérieur, à l’université de Ouagadougou et dans les établissements d’enseignement professionnel.Inutile de rajouter que les petites filles et les jeunes filles représentent une partie infime de ces chiffres déjà si dérisoires.



La mise dans le contexte éducatif local est un choc pour tous.
Le même soir, on s’organise entre volontaires pour savoir qui va faire quoi et à quelle heure. Nous dispenseront des cours le matin uniquement, de 8h a 12h30 : il fait trop chaud l’après midi pour pouvoir faire quoi que ce soit d’autre qu’une sieste ;o) .
Nous sommes 23 volontaires en tout, ce qui est beaucoup pour un chantier mais s’explique aussi par le fait que ceux qui devaient être à Ouaga ont rejoint le chantier de Koudougou. Les capacités de chacun sont très variées ce qui est une bonne nouvelle : on va pouvoir dispenser toutes sortes de cours : maths, bio, physique-chimie, français, anglais, histoire-géo, philo et même EPS (une volontaire est prof d’EPS)

Je choisis de donner des cours de français, on m’attribue alors la classe de première. L’appréhension est énorme : je n’ai jamais donné de cours de ma vie (mis a part quand je jouais à la maîtresse avec ma sœur), et en plus je n’ai plus fait de français depuis 3 ans, comprenez bien qu’en première année de médecine on se fiche pas mal de la méthodologie de la dissertation et autres poèmes de Verlaine…

Demain à 8h00 c’est le grand saut : j’arrive en terre inconnue dans une classe où tout me reste à découvrir…le stresse pointe le bout de son nez.



Pas très réveillée, je rentre dans cette salle de classe, les bouquins sous le bras et la craie dans le creux de la main, un peu l’impression de jouer dans une pièce de théâtre, je ne me reconnais pas trop dans ce rôle.
Et là, le choc, je vois bien que ces élèves n’ont pas l’âge des premières chez nous en France. Je leur demande leurs âges, en me gardant bien de donner le mien, histoire de garder un soupçon de crédibilité auprès d’eux : ils ont de 22 à 26/27 ans, j’en ai 20…super la prof !

Finalement pendant ces trois semaines a Koudougou tout c’est bien passé, j’ai commencé par faire un petit sondage dans la classe pour savoir un peu ce qu’ils souhaitaient faire en cours de français, s’ils avaient des points particuliers qu’ils voulaient revoir avec moi. Ensuite je leur ai donné une petite dissert pour pouvoir me rendre compte du niveau général de la classe. Le problème c’est que tous les élèves ne venaient pas du même lycée, ils se sont inscrit au projet « école secours » que nous organisons mais viennent d’écoles différentes de la région. Le niveau est très différent entre les élèves venant du secteur privé et ceux venant du public, je dirai même que le fossé est énorme. Je m’en rend compte en corrigeant les copies, je suis effarée : soit les élèves parlent un français excellent que même un académicien ne comprendrait pas tellement il remonte à des époques lointaines, soit c’est un pur charabia, avec des phrases à construction douteuse et un vocabulaire sorti tout droit de « Martine va à l’école ». Malheureusement je n’ai pas pu garder les copies, ni même les photocopier, n’ayant bien sûr pas le matériel nécessaire sur place.



Dans tous les cas mon travail avec eux a été intéressant et enrichissant en tous points, nous avons essentiellement fait de la méthodologie pour les préparer au baccalauréat : dissertations, commentaires composés, résumés sur les figures de styles. Mais certains rappels sont essentiels : bien utiliser les mots de liaison, beaucoup manquent de vocabulaire et se répètent souvent. Rien ne différencierait certaines copies burninabé de copies françaises, si ce n’est les allusions omniprésentes à Dieu (de la part de musulmans comme de chrétiens), et malheureusement des éléments de propagande pour leur gouvernement. Il faut savoir que Blaise Compaoré, à la tête du pays depuis 1987, a pris le pouvoir en faisant assassiner le chef de la révolution locale, Thomas Sankara, qui était l’espoir du peuple burkinabè, le « Che » du pays des hommes intègres. Récemment encore, Compaoré a fait assassiner Norbert Zongo, un journaliste local qui dirigeait le journal « L’Indépendant ».

Toute contestation est punie…mais leur Blaise est le grand ami des Chirac…la France cautionne, personne ne dit rien.Une anecdote récente, notre Bernadette nationale est allée récemment à Ouga pour l’inauguration d’une clinique. Ils se trouve que seuls les nantis peuvent accéder a cette clinique, les pauvres ne pouvant pas payer les soins. Mais je m’écarte…

C'est passionnant, Fleur.....
Ton carnet de voyage, c'est une sorte de joli bond dans l'affreuse réalité.....'fin, j'sais pas comment le dire.....
C'est comme un conte, mais réel......c'est de l'histoire......mais affreusement belle.....
C'est une belle façon de nous faire partager ton expérience, ton vécu.......

Merci.....Pis, vite vite, la suite........

merci beaucoup pour vos commentaires qui me touchent! mon envie en publiant mon carnet ici est de vous faire partager mon vécu et vous donner envie de partir en Afrique, continent ou l'en ressent des choses totalement incroyables... contente de voir que ça marche sur certains . Il reste encore un dernier chapitre que je mettrai tres bientot!!!

Suite et fin : la vie quotidienne

Nous avons tous été logés dans une salle de classe, c’était assez cocasse à 25 dans une petite salle ça faisait vraiment colonie de vacances, avec les moustiquaires en plus et pas de lit bien sûr…hum dormir à même le sol, quelle sensation agréable … à la fin des trois semaines le dos fait la gueule et il a bien raison.

Vous me demanderez mais que mangiez vous donc??? Eh bien riz, pâtes ou semoule ), on avait un budget de rapias étant donné qu’on a supposé que le directeur local de l’assoc’ s’en mettait plein les fouilles. Il y a eu plein de trucs louches, du coup on lui a demandé de nous faire une réunion sur le budget pour savoir où partait notre argent de l’inscription, et il n’a fait que s’enfoncer dans ses explication. En fait une autre assoc’ est en train de se créer à Koudougou par une jeune française de 21 ans et on attend qu’elle aie monté son truc pour dénoncer la malhonnêteté de Moktar, le président de solidarité jeunesse, et le faire tomber. Malheureusement ce cas de détournement de fonds n’est pas isolé, bien souvent en Afrique ceux qui ont un minimum de pouvoir pour faire changer les choses sont attirés par l’appât du gain. Mais une fois de plus je m’éloigne de la vie quotidienne…



Revenons donc a nos moutons, avec les douches, un de mes meilleurs souvenirs de l’Afrique, concept que j’avais déjà testé lors de mon voyage au Sénégal. Je m’explique : vous prenez un seau, vous allez jusqu’au puit, et hop vous tirez de l’eau pour remplir le seau et après avec le peu de force que vous avez vous vous trainez péniblement jusqu’aux douches. Alors les douches c’est en plein air bien sûr, avec juste des petits murets hauts jusqu’à l’épaule environ qui séparent les trois quatre douches. Et la c’est le pur bonheur, l’eau froide avec cette chaleur moite. Le moment idéal : vers neuf heures du soir lorsqu’il fait bien noir, qu’on a le nez sous les étoiles et que la lune se reflète dans le seau…



Bien sûr il y a des souvenirs plus pénibles, comme le jour où j’ai croisé sur mon chemin dame araignée sans le savoir, et que j’ai failli perdre mon pied, oui m’sieurs dames (hum bon ok j’exagère un peu : la nécrose était pas très belle à voir, mais rassurez vous, chers lecteurs, votre fidèle envoyée spéciale va beaucoup mieux aujourd’hui). Autre anecdote : j’ai choppé cinq jour avant le retour en France une conjonctivite virale, que les locaux nomment « Apollo » car c’est lors du premier vol de la navette que c’est déclaré le virus en Afrique. Pendant deux bons jours je n’ai pu ouvrir les yeux que péniblement (vive le soleil) et j’ai même dû pousser le vice jusqu’à porter des lunettes de soleil en pleine nuit (la star) car le moindre souffle d’air me brûlait les yeux.



Globalement le bilan est plus que positif, ce style de voyage est je trouve l’idéal pour se faire plaisir et rencontrer la population au plus proche. Le fait de s’impliquer sur place avec une association locale, où les bénévoles sont des jeunes tout comme nous, rend l’échange d’autant plus enrichissant. Ces chantiers sont une excellente alternative pour ceux qui sont allergiques aux voyages organisés (beurk) mais qui ne se sentent pas encore prêts à débarquer seuls en terre inconnue le sac à dos sur l’épaule et le routard à la main…

je ne vois qu'une seule chose à dire : Bravo Fleur

j'ai adoré ! ça me rappelle pleins de moments vécus en Cote d'Ivoire, les odeurs, les couleurs, la gentillesse des Ivoiriens, la poussière et les bosses des pistes, les cliniques du pneu, lol ! et bien malheureusement la corruption aussi !

en tout cas un grand merci pour ton magnifique carnet et tous les souvenirs que tu as fais revenir à la surface ! (dès que mon scan est réparé je poste quelques photos de Cote d'Ivoire)