J’ai vu au petit matin les eaux bleues de la méditerranée se remplir du sang des civilisations disparues .Plus tard dans la journée j’ai déjeuné sous le soleil noir d’Austerlitz tandis que sous mes pieds gisait l’Europe entière. C’est au goûter que j’ai connu les tranchés, leurs barbus, leur boue et leur désolation. A l’heure du dîner j’ai vu un vieux continent mourir d’une peste brune. M’endormant, finalement, j’ai aperçu dans un demi sommeil des tours éclatées, un désert immense bombardé et la construction d’un grand mur circulaire derrière lequel on peut se protéger.
Pourtant le lendemain j’ai vu Ulysse savourer le repos retrouvé, j’ai connu la beauté d’un peuple la fleur à la main qui entrevoit enfin la joie de vivre en paix, j’ai lu la déclaration universelle des droits de l’homme, j’en ai pleuré, j’étais là quand Paris chantait la liberté. J’ai même vu un mur tomber.
Je la prends cette dernière journée, je la berce, je la savoure. Je crois, j’espère que demain ne ressemblera à hier et puis, et puis le temps passe, j’oublie un peu, tout semble calme et morose. Je m’exaspère pour des petits rien, seul compte alors ma vie au jour le jour, le tout étant de savoir si j’ai plus que mon voisin, si je ne mérite pas un meilleur salaire ou si Chirac tiendra ses promesses….. Je m’ennuie, j’ai besoin de quelque chose, besoin d’une catastrophe, besoin d’une guerre.
Besoin d’une guerre pour goûter à la beauté de la paix, pour frissonner de voir un soldat américain débarquer sur mes plages en lieu et place de ses fast-food, pour embrasser mon voisin finalement ni mieux ni moins bien que moi, simplement humain. Enfin pouvoir caresser cette paix que je ne connais plus et qui ne renaîtra, je le sais, qu’à l’instant où la guerre cessera. Car finalement le temps qui recouvre les souvenirs m’a fait oublier les saveurs de cette paix.
La vie ne prend un sens que lorsque que l’on a conscience de la mort
La joie ne donne le sourire que quand elle n’a pas été ravagée par la tristesse
L’arrivée de la gauche au pouvoir est belle seulement si la droite gouvernait avant.
LA splendeur de la paix n’existe qu’après l’horreur de la guerre
S’imposer la paix comme unique fin c’est exiger une guerre
Réclamer la paix c’est utiliser la guerre
Apres la guerre vient la paix
Puis revient la guerre
Puis la paix
Demain est redevenu hier.
Puisque rien n’est jamais acquis tentons au moins, en l’honneur de nos pères et de nos mères, de ne pas oublier cette joie qui les envahissait lorsque sonnait les trompettes de la paix.